Radios "libres": la saga de TSF 102/100 à Toulouse de 1981 à 1985

Patrick Lafforgue

Comment je me suis retrouvé animateur sur TSF 102:

Première partie

Patrick Lafforgue en 1983

Raconter mes années passées à faire de la Radio consiste a remonter le temps jusqu’à la fin des années 70 !! oups ! ! comment suis-je arrivé au micro de TSF 102 les fins d’après-midi ? (Vous comprendrez pourquoi le matin n’est pas pour moi !) Une suite de choix et d’évènements qui ont décidé de mon destin.

En 1977, on va commencer là. Je suis aux Beaux-Arts et je décide de partir à Londres pour acheter une guitare. On me parle d’un nouveau groupe de la scène rock anglaise qui passe au Roxy : The Clash ! Arrivé à l’entrée, ce n’était pas les Clash ce jour-là mais les Sex Pistols . Connais pas . Le choc à été, comment dire, violent !!

Le lendemain, j’achète un stock de pins a Carnaby Steet que j’agrafe sur mon perfecto et rentre à Toulouse. Là, mon surnom aux Beaux-Arts était « Patrick le Punk ». Je laisse tomber les pinceaux et forme un groupe de Rock : PARKING

Aucun concert, juste des répétitions dans les locaux de l’école. Du coup, on se fait virer !!

Viré par Jean Sudre!

Et par qui ? Anecdote croustillante : Jean Sudre, adjoint au maire en charge des Beaux-Arts, alors école municipale...

A 20 ans, aucun problème, je pars au Club Med comme GO tennis ! je change de look. Chemises à fleurs, Bandeau, bronzage et cheveux longs.

Durant cette période, tous les soirs après avoir assuré mon boulot de prof de tennis, je passe derrière les platines pour remplacer le disc-jockey qui, dans chaque village n’avait pas du tout la culture rock et, vu le succès remporté, je décide à mon retour de devenir DJ.

Je rentre dans une espèce d’école à Paris créée et dirigée par Mitsou qui allait devenir la star des animateurs d’NRJ, future nouvelle radio libre à Paris ! Je ne savais pas à ce moment-là que je deviendrais mois aussi, un jour, animateur sur NRJ. Mais on verra ça plus tard.

Fan de radio, je n’écoutais que les émissions Rock sur les radios périphérique (pas de FM alors) : « Les Enfants du Rock, Inrockuptibles sur France inter : Patrice blanc Francard , Bernard Lenoir , Philipe Manœuvre , Jean-Pierre Dionnet . WRTL : Georges Lang et j’en oublie. Des pionniers de la radio Rock alors que le paysage musical est surtout variété et chanson françaises.

Me voila donc en recherche d’une place de DJ dans la région, mais les goûts et la demande musicale ne me conviennent pas. Et là, mon esprit d’entrepreneur commence à venir puisque je décide de reprendre une discothèque a Montréjeau, « le Feeling » où j’assure le boulot de DJ, de barman et de videur !! je programme aussi des groupes de Rock, plutôt Toulousains. Un autre bar, pas très loin de Saint Gaudens fait la même chose, dirigé par un certain Hervé Sansonneto : évidemment nous devenons amis .

De Radio Comminges à TSF 102

Après l’élection de Mitterrand en 81, libération des ondes. Je rencontre plusieurs personnes qui souhaitent monter une Radio et me voilà pour la première fois derrière un micro sur Radio Comminges; je n’avais jusque là que les clients comme auditeurs, que je pouvais voir et toucher, et là me voilà tout seul dans un studio. Je passais un temps fou à préparer mon émission (ce qui n’était plus le cas par la suite!) tout ça, pour quelques personnes au courant de l’existence de cette radio. Mais peu importe, c’était génial comme sensation.

Lors de mes passages à Toulouse j’entendais dans les commerces ce nouveau son : TSF 102. Rock, musique californienne !! j’entrepris alors une série de contacts pour intégrer cette équipe. C’était fait pour moi.

Après enquête et contact j’ai rencontré Alain Gayral, qui m’a accompagné un jour à Jolimont dans l’appartement studio. Je ne me rappelle plus qui était présent (peut être Regis) qui me dit: « tiens, passe derrière les platines on fait un essai » et évidemment, puisque c’était mon métier, ça a matché tout de suite.

Quelques jours après, j’étais à l’antenne.

Deuxième partie

Me voilà donc animateur sur TSF 102 !

Tout de suite mon son, ma touche a été de diffuser du Rock, du vrai sur les ondes toulousaines

« Riff sur la ville » !! En intro : Keith Richards, honky tonk women, Brown sugar ! il faut dire que j’ai toujours été fasciné par les guitar heroes : Pete Townshend qui faisait des moulinés avec son bras , Jimmy Hendrix qui mangeait ses cordes, le topissime Jimmy Page . Mais je n’ai pour ma part que gratouillé du Neil Young et du bob Dylan autour d’un feu de bois !

Rapidement ma programmation s’est assagie devenant plus radio professionnelle avec du son californien Steely dan , Doobie Brothers etc. .

Du coup, j’ai réorganisé ma vie avec une présence à Toulouse en semaine et l’ouverture du Feeling le Week end . Mais mes soirées en semaine ont tout changé. Hervé Sansonnetto avait rejoint sa mère à Toulouse pour ouvrir un bar de nuit « le coup de grâce ». Tout un programme ! à la place de l’actuel bistro d’Éric, restaurant de poisson.

Lors de ces soirées nous évoquions avec Hervé sa volonté d’ouvrir à Toulouse une boite Rock avec concerts. Une idée qui a muri pour un jour déboucher sur des visites de lieux. Et je me rappellerai toujours notre première visite à la Mandragore, chemin des étroits . Un lieu un peu glauque sans trop de clients où, nous voyant arriver, un groupe de joueurs de cartes dans l’arrière-salle ont tout planqué et sont allés prendre l’air par l’issue de secours .

Le lieu était trouvé, le BIKINI était né et quelques mois après je mettais le Feeling en gérance, déménageais mon stock de vinyles, dévalisais la Fnac , m’installais derrière les platines et le premier son qui est sorti de la sono du bikini... était : ... non je déconne je n’en sais rien , en tout cas ce devait être un bon standard Rock ! je devais marquer le lieu !

Les journées complètements folles se sont par la suite enchainées : toutes les nuits (sauf le dimanche, mais j’en profitais pour sortir dans d’autres boites !) dormir un peu et les après-midi à la radio !

Soit 6 à 8h par jour à mixer ...

A TSF ma programmation à évolué comme celle du Bikini, avec l’arrivée de ce que l’on appela la New Wave : The Cure, Simple minds , Dépêche Mode et bien d’autres. Je crois avoir réduit ma présence à l’antenne avec un nouveau nom « soif d’aujourd’hui » (bon c’était très con comme nom) mais je me suis spécialisé dans les animations commerciales ou les émissions hors du studio comme à Carrefour Labège ou Galeries Lafayette. On devenait plus pro avec des partenariats

Jusqu’au jour où, assurant une animation à Labège dans la galerie marchande, Richard m’appelle (non on n'avait pas de portable, bon je sais pas comment il m’a joint) pour me dire : "Viens tout de suite au studio il y a les mecs d’NRJ" . Je débarque alors dans un studio bondé où des tas d’ inconnus se prétendent animateurs de TSF 100 .

2, 3 Parisiens avec à leur tête Max Guazini font défiler à l’antenne cette tribu. Deux morceaux, un enchaînement et hop !! toi oui , toi dégage.

Me voilà donc le lendemain animateur sur NRJ sans trop comprendre . Ce qui n’a duré que quelques mois après qu’un jour un Parisien descende à Toulouse et dans le taxi qui l’amenait de l’aéroport au studio entende un rebelle à l’antenne expliquer que ce qu’il allait écouter était nul mais que j'étais obligé de le passer et de plutôt venir ce soir au Bikini pour écouter de la bonne musique !

Bon, le lendemain j’étais remplacé et voilà comment se termine mon expérience d’animateur radio.

Une expérience formidable avec des gars passionnés, une totale liberté d’expression , de programmation, le sentiment d’avoir fait du bien à une génération, la nôtre: ils avaient notre âge Certains m’en parlent encore aujourd’hui !!

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